Agriculture

L'agriculture sociale ou comment guérir au contact de la terre

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 Publié le dimanche 28 juillet 2024 à 14:25 - Mis à jour le dimanche 28 juillet 2024 à 17:11    Musson

L’agriculture peut-elle jouer un rôle social, voire thérapeutique ? Depuis près de cinq maintenant, plusieurs projets ont cours en Wallonie, portés par des associations ou chez nous, par la province de Luxembourg. Ces services mettent en relation des exploitants agricoles avec des personnes en décrochage ou en souffrance.


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C’est un peu comme un retour aux sources, pour celle que nous appellerons Annie. Un retour après trois ans, dans cette exploitation maraîchère à Signeulx, qui lui a ouvert les portes et l’a aidée à surmonter son burn-out… 

"C'est du bien-être, on ne pense plus à rien, on papote avec quelqu'un d'autre, quelqu'un qu'on ne connaît pas. On a l'impression qu'on enfouit ses soucis dans la terre"

L'agriculture sociale, c'est une opportunité pour un public large, des jeunes en décrochage, des adultes en proie au doute, à la dépression ou au surmenage, de faire une pause, de retrouver confiance en soi, par des gestes simples, dans un nouvel environnement.

Pour Annie, l’expérience s’est prolongée à son rythme; pendant un peu plus de six mois. Depuis lors, trois autres personnes ont travaillé cette terre argileuse, sous l’oeil bienveillant de Laura Geraerts, elle-même reconvertie au maraîchage et convaincue des bienfaits réciproques de ces échanges .

"C'est du temps que je consacre mais voilà, ça fait partie de la vie. Je fais mon métier par passion et donc ça rentre dans mes valeurs, mais après ça m'apporte d'autres choses. Je travaille toute seule, donc ça me permet de rester sociale. Et puis, il y a toujours plus dans deux têtes que dans une, donc des fois les gens m'apportent des idées ou une autre vision. Et ça me permet de réfléchir et d'évoluer."

 

Des agriculteurs inscrits dans cette démarche, le Luxembourg en compte une quarantaine : des maraîchers, des cultivateurs, des éleveurs, en classique ou en bio. Tous sont en lien avec les services de la Province, relais indispensable au coeur de ce réseau d’accompagnement social. 

"Quand on reçoit une demande d'accueil, on rencontre la personne, on rencontre le service social ou de santé qui l'accompagne et on part à la recherche d'un agriculteur, d'une exploitation agricole qui pourrait lui convenir. Et parfois pour un accueil, il nous arrive parfois d'aller rencontrer quatre ou cinq exploitants agricoles avant de trouver celui ou celle qui convient. Et pour rectifier le tir si nécessaire, on fait des évaluations régulières pour s'assurer que tout roule", Martine Leroy, service agriculture sociale, Province de Luxembourg.

En trois, quatre ans de fonctionnement sur le Luxembourg, une cinquantaine de personnes ont bénéficié de cette nouvelle approche de soins, gratuits, hors institutions, remis en selle par une reconnexion à la terre et au vivant.  

 Une étude de la KUL pour objectiver les bienfaits

 Ce travail à la ferme pour des personnes qui souffrent de dépression ou d’un burn-out fait l’objet d’une étude de la KUL, qui va évaluer l'amélioration pour les bénéficiaires.
Avec un objectif : mettre en place un cadre législatif pour intégrer ces « soins verts » dans le financement des soins de santé, à l'image de ce qui se fait aux Pays-Bas.


Christophe Thiry