Publié le mercredi 14 mai 2025 à 18:14 - Mis à jour le jeudi 15 mai 2025 à 16:51 Libramont - Province
L'accord France-Belgique sur l'imposition des travailleurs frontaliers du secteur public risque de modifier le quotidien de nombreux travailleurs mais aussi de leurs employeurs, comme Vivalia où plusieurs centaines de personnes sont concernées.
Choquées, indignées, outrées même, que leur salaire et par conséquent leur avenir se soit décidé en catimini entre deux administrations, sans concertation ni information, Alexandra et Pauline, toutes deux Françaises et infirmières à Libramont, peinent à y croire.
Elles devraient dorénavant être imposées en Belgique où les employeurs publics sont enjoints par le Service Public Finances de retenir les précompte des travailleurs français à partir du 17 mars, date de la signature de l'accord entre les deux pays. De plus, une régularisation rétroactive aura probablement lieu pour l'ensemble de l'année 2024.
"Honnêtement, je suis en colère et abasourdie par la nouvelle. Mais je sais que si il y a un effet rétroactif, je sais qu'on va vraiment être dans la panade, parce qu'on ne parle pas d'une perte de 100 euros sur un salaire. Ça se compte en milliers d'euros.", Pauline NAUD, infirmière en revalidation à Libramont
"Moi, je suis infirmière ici depuis 2012. J'ai fait, comme la plupart de mes collègues, mon crédit immobilier en fonction de mon salaire. Et là, à l'heure actuelle, c'est la grosse question... Qu'est-ce qu'on fait ? On perd la moitié de notre salaire.", Alexandra FAYNOT, infirmière en revalidation à Libramont
Vivalia, qui n'a pas souhaité communiquer à ce stade, sera indéniablement l'employeur le plus impacté chez nous avec plusieurs centaines d'employés venant de France. A titre d'exemple, on compte environ 70 infirmiers français sur Libramont et à Florenville, dans la maison de repos la Concile, 100% des infirmiers sont Français, 66% à Saint-Mard et 50% à Bertrix. Ces travailleurs pourraient bien décider de retourner... en France !
Intercommunales, zones de police, CPAS, communes, écoles, tous les employeurs publics sont concernés. Les conséquences de cette décision sont à ce stade encore incalculables.
Le SPF Finances fait-il de l'excès de zèle ?
Pour le chef du groupe MR (Majorité) à la Chambre, Benoît Piedboeuf, député-bourgmestre de Tintigny, cet accord nécessite encore la ratification, par les deux Parlements nationaux, d'un avenant à cette convention bilatérale. Il compte interroger à ce sujet le ministre des Finances, Jan Jambon (NVA, majorité), et espère obtenir, pour le secteur des soins de santé, la prolongation d'un moratoire qui valait, jusqu'à présent, pour tous les services publics.
Le secteur privé sera, lui, confronté aux mêmes mesures en 2033.
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