Agriculture

Bastogne : la permaculture pour contrer la sécheresse

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 Publié le jeudi 11 août 2022 à 14:58 - Mis à jour le jeudi 11 août 2022 à 15:51    Bastogne

Conséquence directe du climat actuel, cet été, les récoltes de légumes sont particulièrement fournies. En tête de liste, les tomates, que l'on trouve à profusion chez la plupart des maraîchers. Ce climat chaud et sec, certains comme la Perma Ferme du Ponceret à Bastogne, s'y préparent depuis longtemps.


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Si l'été 2021 fut pauvre en tomates, notamment à cause du manque de soleil, la cuvée 2022, à l'inverse, est particulièrement prolifique, à tel point que de nombreux maraîchers proposent des promotions spéciales afin d'écouler leurs stocks. C'était notamment le cas il y a quelques jours à la Perma Ferme du Ponceret à Bastogne.

Si les tomates sont présentes en grande quantité au même moment, c'est bien sûr grâce à la forte luminosité de ces dernières semaines. Mais pas uniquement, comme l'explique le maraîcher bastognard Denis Morsomme : "le Soleil a permis à la plante de bien se développer et de bien former les fruits. Et il ne doit pas y avoir une trop grosse différence de température entre le jour et la nuit pour que les tomates deviennent rouges. Ici, justement, on a eu des journées très chaudes et des nuits qui proportionnellement n'étaient pas si chaudes. Du coup, la plante a continué à se développer, mais sans mettre de la maturité dans les fruits. Et donc, une fois que les conditions étaient réunies, elles ont toutes commencé à mûrir en même temps", conclut Denis Morsomme.

Et il n'y a pas que les tomates qui apprécient ces conditions. La production dans son ensemble est relativement bonne cette année, mais tout cela n'est évidemment pas possible sans eau. La micro ferme du bénéficie de la présence d'un puit pour irriguer ses cultures. Néanmoins, l'objectif est d'en consommer un minimum.

Et pour y parvenir, en cette période de sécheresse, Denis Morsomme s'appuie notamment sur les principes de la permaculture. Avant de cultiver des légumes, il prend soin du sol et des vers de terre, leur premier allié responsable de la fertilité. "Notre responsabilité, c'est de bien le nourrir et pour bien le nourrir, on produit ce qu'on appelle du bokashi. Donc c'est vraiment une alimentation qui est pensée pour le ver de terre. C'est de la matière organique, c'est du fumier, c'est des déchets de culture qui sont fermentés en basse température", explique le maraîcher. Est ajouté à cela le "biochar", composé de résidus de bois cuits ici même à la ferme. "C'est du carbone qui a d'excellentes vertus pour la rétention d'eau. Donc il va pouvoir garder 3 à 4 fois son poids en eau".

Après plusieurs saisons d'utilisation, le résultat est sans appel pas besoin de creuser très bas pour trouver de l'eau dans cette parcelle qui n'a pourtant pas été arrosée depuis trois à quatre semaines. "Il y a de l'humidité tant qu'on veut. Il n'y a aucun problème. Quand on descend à quinze centimètres, il y a encore du vers de terre. Cela veut dire que les quantités d'eau dans le sol sont encore tout à fait correctes pour vivre", sourit Denis.

Cet amendement n'est qu'un des nombreux outils employés ici pour composer avec un climat de plus en plus sec. Des haies assez hautes et denses plantées il y a quelques années permettent par exemple de contrer le vent qui accélère la sécheresse. Mais ce n'est pas tout, ajoute notre interlocuteur : "leur surface est colossale par rapport à leur taille. Elles relâchent énormément d'eau dans l'air, ce qui permet de créer de bonnes conditions pour que les légumes puissent se développer correctement."

Quelques mètres plus loin, ce sont des poules en pâturage tournant qui préparent le sol des futures productions. Et là ou elles sont passées plusieurs fois, il n'y a pas photo : "On voit la différence de couleur. Ici, l'herbe est beaucoup plus riche", poursuit Denis Morsomme. "C'est tout simplement parce que les poules sont passées dessus et ont mis des fiente, etc. Mais c'est la partie émergée de l'iceberg, parce que nous ce qui nous intéresse c'est préparer le sol et de le rendre plus riche en carbone pour les cultures de légumes qui sont gourmands."

Ces quelques principes, ajoutés à bien d'autres, comme la couverture des sols, font que Denis et son équipe sont "parés" pour faire face à des périodes de sécheresse amenées à se répéter dans le futur, tout en luttant à leur échelle contre le réchauffement climatique.


Antoine Masson