Jacques Devillers sera le prochain président du PS Luxembourg. L’ancien secrétaire de la mutualité socialiste du Luxembourg, aujourd’hui retraité, est le seul à avoir déposé sa candidature, comme l’ont précisé ce jeudi matin nos confrères de L’Avenir. 

Même en remontant très loin dans les archives socialistes, il n'est pas certain de trouver le nom d’un président provincial “hors mandat politique”. C’est dire à quel point la nomination prochaine de Jacques Devillers à la tête de la fédération luxembourgeoise marquera une rupture.

A la mi-avril,  Jacques Devillers succédera officiellement à Mélissa Hanus, démissionnaire en janvier dernier. Car à ce stade, la question n’est pas de savoir si l’ancien homme fort de la mutualité socialiste luxembourgeoise sera élu -il est le seul candidat à la fonction- elle est plutôt de savoir avec quel plébiscite il emportera l’adhésion dans les sections locales du PS Lux.

Homme de débat et de défi

Jeune retraité, Jacques Devillers ne se voyait pas raccrocher : “J’ai toujours cherché à me nourrir de débats politiques et d’échanges idéologiques. Encore récemment lors des voeux à Durbuy, j’ai longuement parlé avec l’un ou l’autre sur l’évolution de notre parti dans le Luxembourg. Ça a été le déclic, je ne me voyais pas me couper de tout ça”, nous explique Jacques Devillers. 

Le futur président du PS Luxembourg est un homme de défi. Il débarque dans un contexte difficile pour les socialistes, sortis affaiblis des élections locales, contraints de céder des places à la Province et dans les intercommunales, et renvoyés dans l'opposition à la Région et au Fédéral. “Il nous faut absolument toucher les jeunes. Vous le voyez vous-même dans les congrès, les jeunes ne se mobilisent plus, c’est inquiétant…"

"Je compte revoir notre fonctionnement, renforcer la démocratie interne et la collégialité dans les prises de décisions"
Jacques Devillers, candidat à la présidence du PS Luxembourg

Au-dessus de la mêlée

Il ne s’est présenté qu'une fois à des élections, "il y a très longtemps, comme bouche-trou, à des provinciales".  L'absence de mandat plaide en sa faveur. "Je n’ai pas d'intérêt personnel. Je n’ai aucun conflit interne et me sens neutre dans les tensions qu’il peut y avoir entre certaines sections, entre certaines personnalités". Mais il insiste : "Attention, ce n’est pas propre au PS. Regarder encore au MR, comme la désignation du nouveau député provincial et des administrateurs a suscité pas mal de remous en interne…”

Le "candidat" pourra  compter sur le soutien du député-bourgmestre Philippe Courard : "On peut compter sur lui pour être au-dessus de la mêlée. Jacques sera pleinement concentré sur sa présidence, sans être occupé par des responsabilités de mandataire. C'est une bonne chose”.

Pour un hôpital fort

Et s’il est un dossier que l’ancien secrétaire (pendant plus de quinze ans) de la Mutualité socialiste du Luxembourg surveillera de près, c’est le chantier de Vivalia 2025. “Sans ambiguïté aucune, je plaide pour un hôpital fort au centre-sud, détenteur d’un maximum d’agréments, seule solution pour maintenir la qualité de soins”. Et lorsqu’on évoque les négociations qui se jouent en coulisse en ce moment sur les compositions des proxy-cliniques : “elles sont essentielles dans le cadre des consultations, des services de bases et soins quotidiens, mais il faut être attentif à ne pas diluer la qualité de l’acte médical, qui doit être centralisé”. 

Homme de dialogue, Jacques Devillers saura, on l’entend, faire preuve de fermeté. Il l’a déjà démontré dans le conflit qui avait opposé, pot de terre contre pot de fer, la Mutualité socialiste Luxembourgeoise à Solidaris. Le plus faible l’avait emporté. 

Face à Solidaris

En 2012, le Dr Jacques Devillers avait été placé sous le feu des projecteurs nationaux. Faisant face à l’Union Nationale des Mutualité socialistes  dans sa volonté d'imposer une centralisation des prises de décision, le secrétaire avait mis en avant les spécificités rurales de la mutualité socialiste du Luxembourg.  Après une mise sous tutelle par l’union nationale des mutualités socialistes, l'homme avait été... démissionné.
Le passage en force avait été contesté en justice et la mutualité socialiste luxembourgeoise avait obtenu gain de cause sur toute la ligne, tant en référé que sur le fond.

En 2019, la mutualité socialiste luxembourgeoise voit le retour du spectre de la fusion avec un arrêté royal pris par la ministre fédérale de la Santé de l’époque, Maggie De Block qui fixe à 75.000 le nombre minimum d’affiliés.
Le CA de la mutualité socialiste du Luxembourg conteste alors cet arrêté devant le Conseil d’État et obtient gain de cause deux ans plus tard, en juin 2021.

David Pierson Christophe Thiry