Vivalia

La deuxième réunion de concertation entre Vivalia et les communes du Sud annulée en dernière minute

La deuxième réunion de concertation entre Vivalia et les communes du Sud annulée en dernière minute
 Publié le vendredi 01 septembre 2023 à 16:45 - Mis à jour le vendredi 01 septembre 2023 à 19:31    Arlon

Sous l’égide du gouverneur, les bourgmestres du sud et la direction de Vivalia avaient convenu de se revoir une deuxième fois ce vendredi matin, dans l’espoir d’avancer vers un compromis acceptable par tous. La réunion a été annulée en dernière minute. Arlon se donne la possibilité d’introduire un recours devant le Conseil d’Etat.


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Quinze jours très exactement après une première réunion de méditation chapeautée par le gouverneur du Luxembourg Olivier Schmitz, les bourgmestres des communes du Sud et les directions de Vivalia avaient convenu de se revoir en ce premier vendredi de septembre. Il n’en fut rien : la rencontre a été reportée en toute dernière minute, sine die. 

Aucune raison officielle n’est avancée par le gouverneur qui promet de “reprendre l’initiative en temps opportun”, mais on devine qu’elle n’est pas étrangère à la décision prise par le conseil communal d’Arlon d’introduire un recours, à titre conservatoire, devant le Conseil d’Etat à l’encontre du permis octroyé pour le nouvel hôpital à Houdemont. En fin médiateur certainement très attentif aux propos tenus hier soir à l’unanimité des conseillers arlonais, le gouverneur aura-t-il jugé bon de ne pas rassembler à chaud les protagonistes, pour ne pas risquer d’hypothéquer les toutes dernières maigres chances de trouver un terrain d’entente entre Arlon et les instances de Vivalia.

Je m’étonne quelque peu du report de cette réunion”, nous confie toutefois Vincent Magnus, “d’autant que la décision du conseil communal -unanime j’insiste- n’est une surprise pour personne. Dès la validation du permis par les ministres Borsus et Tellier, nous l’avions immédiatement évoqué. Nous ne prenons personne de court”. Ce recours est introduit à titre conservatoire “à tout moment, nous pouvons le retirer”, et d’ajouter : “il faut continuer à avoir un dialogue”. 

La lecture est quelque peu différente du côté de Vivalia : “Reporter la réunion, c’est le bon sens. Ce n’était pas le moment de se remettre autour de la table”, reconnait Pascal Mertens, directeur général de Vivalia. “quand bien même ce recours n’est pas une surprise, nous sommes étonnés de la teneur même des propos tenus hier soir. C’est clairement une forme de chantage de la part de la ville d’Arlon”. 

Un recours comme moyen de pression

Chantage ? “Une dernière cartouche, plutôt”, précise Matthieu Sainlez, conseiller communal et représentant arlonais à l’assemblée générale de Vivalia, “pour préserver les intérêts d’Arlon et des habitants du sud. Car non seulement nous sommes persuadés que Vivalia 2025 n’est pas la solution, mais il est particulièrement insupportable de voir à quel point tout le reste est négligé : rien de précis sur le devenir des sites actuels ; aucune perspective en matière de revalidation”.
Force est de constater que les demandes ne datent pas d’hier : “mais on ne nous répond pas. L’approche de Vivalia est tout simplement humiliante pour nous, représentants communaux”, déplore, posé mais amer, le conseiller, “même si le dialogue est plus aisé avec le nouveau directeur général, nous n’avons plus confiance en l’institution. En assemblée générale et au conseil d’administration, Vivalia agit comme un rouleau compresseur, où nous ne sommes pas écoutés”. Et revenant sur les critiques entendues : “non, l’hôpital d’Arlon n’est pas juste un petit pré carré que nous défendons, comme l’a prétendu Philippe Courard depuis Hotton. C’est un hôpital aigu, dans la plus grande ville de la province. Voilà pourquoi nous nous gardons cette possibilité d’aller au bout de ce recours”.

Garder une clinique de proximité et de la revalidation

Ce que ne veulent pas (ou plus, pour être précis) les Arlonais, c’est l’abandon pur et simple du projet de Houdemont. On n’en est plus là. Ce qu’ils cherchent aujourd’hui, c’est le maintien d’une offre de soins de qualité sur le site actuel “pas des simples consultations en polyclinique, mais bien un véritable hôpital de jour où les habitants du sud pourront se rendre facilement pour des interventions chirurgicales d’une journée”, avance Vincent Magnus. Dans quelles disciplines ? “C’est à discuter avec les médecins qui sont le plus à même d’identifier les besoins et possibilités”. 
Parallèlement, Arlon réclame aussi des lits de revalidation de proximité. Non pas tous ceux dévolus à la province évidement, mais le nombre juste “pour éviter aux habitants de la région de trop longs déplacements après une opération lourde”. Le chiffre d’une trentaine de lits de revalidation nous a été rapporté "Rien d’insurmontable, ni de démesuré".

Revalidation et clinique de jour sur le site actuel, voilà donc ce qui est dans les papiers du côté arlonais. Mais ces deux demandes ne recouvrent pas la même ampleur.
Dans le cas de la revalidation, comme nous le confirme Pascal Mertens sans rien promettre pour autant : “Vivalia va lancer une étude sur la localisation des lits de revalidation. Les résultats seront présentés l’an prochain”. La porte reste ouverte.
Il va autrement de la clinique de jour : “ça ne cadre pas avec le projet Vivalia 2025. Ça ne suit pas la stratégie et la logique des services de santé. Nous l’avons déjà dit et répété : les sites actuels sont appelés à disparaître, mais, j’insiste, la localisation de nouvelles polycliniques sera étudiée en partenariat avec les élus locaux”, souligne le directeur général.  

L'offre de soins sur Arlon, selon Vivalia

Dans une note lue in extenso ce jeudi soir par le bourgmestre aux conseillers, Vivalia énumère en revanche ce qu’offrira la polyclinique : “des consultations de tout type dans un maximum de disciplines médicales ; un centre de prélèvement biologique largement accessible avec des horaires étendus, de l’imagerie médicale (radiologie, mammographie, échographie),  douze sièges d’autodialyse, un point de départ PIT et un poste 1733 ; ainsi qu’une réflexion autour de la mise en place et de la relocalisation de nouveaux services  comme la médecine scolaire de la province, la santé mentale, un espace de ressourcement…”  Il n’y est donc pas question d’opérations chirurgicales, même de jour. 

Dans les prochaines semaines, Arlon déposera son recours, tandis que Vivalia poursuivra son projet. 
A voir quand, et si, le gouverneur remettra les deux parties autour de la table...


Christophe Thiry