Politique

Arlon. Débat politique autour de la ZAD au conseil communal

Arlon. Débat politique autour de la ZAD au conseil communal
 Publié le jeudi 21 novembre 2019 à 12:24 - Mis à jour le jeudi 21 novembre 2019 à 15:33    Arlon


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Ce mercredi soir, au conseil communal d'Arlon, ce qui était inscrit à l'ordre du jour comme un "point sur la question de l'ancienne sablière de Schoppach" a vite tourné au règlement de compte politique.

En ligne de mire des critiques de la majorité et singulièrement de son bourgmestre : le groupe Ecolo+, accusé d'attiser la flamme de la contestation autour de la zone à défendre au risque de s'ensabler parfois dans ses contradictions.


C'est que les déclarations dans la presse de son chef de file, Romain Gaudron, ont passablement énervé (un doux euphémisme) le bourgmestre arlonais Vincent Magnus : « Je suis époustouflé, je tombe de ma chaise. À quatre reprises le groupe Ecolo a approuvé le projet de vente de la sablière (...) vous prenez les Arlonais pour des imbéciles ».

S'adressant à Romain Gaudron, le conseiller CDH, Matthieu Sainlez, renchérit plus tard : « Le 20 mars 2017, pages 32 à 35. Le vote portait bien sur la vente pour y faire une zone d'activité économique (...) Assumez vos choix ou regrettez-les. Je sais que vous valez mieux que la démagogie dont vous avez fait preuve ».


Interrogé sur les alternatives proposées par Ecolo+, Romain Gaudron explique que son groupe travaille sur la question : « nous avons des alternatives que nous proposerons dans les prochaines semaines, les prochains jours ».


Les dérives autour de la ZAD divisent

En attendant, le dossier « zablière » crée des tensions évidentes au sein des verts. Prenant la parole, le conseiller écolo Jean-Marie Lambert fait part de son malaise : « Je ne me sens pas en phase avec certains de mes colistiers. Je sais que l'excès, plutôt que de servir la cause, peut la desservir ».

Agent DNF, le conseiller explique avoir été choqué de voir des scientifiques et acteurs locaux, connus pour leur engagement et leurs réalisations en faveur de la biodiversité, vilipendés et qualifiés de « dépassés » voire de « collaborateurs ».
« Je ne donne pas un blanc-seing à Idelux, ils devront peut-être revoir leur copie. Mais je ne jette pas le bébé avec l'eau du bain ».

Applaudie, l'intervention du conseiller udangeois marque-t-elle une fracture au sein du groupe ? Pour la conseillère Géraldine Frognet, connue pour son soutien aux zadistes, il n'en est rien : « ce n'est pas un problème dans notre groupe d'avoir des avis différents. Il y a une ouverture aux positions de chacun. Je trouve ça sain. Et je trouve ça sain, si on pense qu'on va droit dans le mur de vouloir changer de direction ».

Il faut reconnaître une chose, et plusieurs conseillers de différents partis l'ont souligné, la question de la ZAD a le mérite de susciter le débat, particulièrement sur la politique urbanistique de la Ville : « ce n'est pas un hasard si on se retrouve avec une ZAD aujourd'hui, c'est le fruit du laisser-aller urbanistique » estime ainsi Romain Gaudron.

L'échevin de l'urbanisme, Ludovic Turbang (MRMC), déclare, pour sa part, être fier des changements en cours, de ces « chancres qu'on rase et que l'on réhabilite ». Il s'inquiète par contre du manque de places disponibles pour les entreprises locales : « toutes les semaines, je suis contacté par des entrepreneurs ».

 La marche des zadistes inquiète le Collège

En attendant, le Collège s'inquiète de la suite des événements et particulièrement de la marche des luttes de territoire prévue le 29/11. Il faut dire que les échevins ne sont pas ressortis rassurés de leur visite aux zadistes, vendredi dernier. Alain Deworme, président du CPAS, s'explique : « j'ai failli tomber de la planche, sur laquelle j'étais assis, quand il (un zadiste) remettait en cause tout le système démocratique et légitimait l'usage de la violence ».

Des propos radicaux qui ne reflètent pas nécessairement la position de tous les zadistes ou de leurs sympathisants. Interrogé sur ce point, Ecolo+ se veut très clair : « nous condamnons toute violence dans l'espace public » a affirmé le conseiller Romain Gaudron.

Le Bourgmestre prévient, le temps de la naïveté est révolu. Trompée sur l'occupation temporaire -devenue définitive- de la Sablière, la commune est néanmoins prête à autoriser à nouveau l'événement des zadistes, mais sous conditions :

« il faut une demande écrite où l'on peut identifier un point de contact pour organiser la marche. Dans ces conditions, la commune mettra un espace d'expression en veillant à la sécurité, des manifestants et des citoyens » explique Vincent Magnus.

Un message bien reçu par les jeunes zadistes présents hier soir. Des citoyens engagés qui, pourtant, ne croient plus en l'impact des marches pour le climat. C'est justement ce qui les a poussés à s'engager dans leur action de désobéissance civile sur la Sablière de Schoppach.



Frédéric Feller





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