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PCDR : la ministre Tellier impose un moratoire !

PCDR : la ministre Tellier impose un moratoire !
Photo d'illustration
 Publié le mercredi 10 juin 2020 à 17:05 - Mis à jour le mercredi 10 juin 2020 à 22:22    Province


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C'est la cata pour les communes rurales, mais aussi pour les entreprises...”. Ce commentaire que nous a adressé le bourgmestre de Daverdisse Maxime Léonet résume à lui seul l’inquiétude de bourgmestres de communes luxembourgeoises, à la lecture du courrier reçu ce mercredi de la ministre wallonne Céline Tellier. 

En charge de la ruralité, la ministre Ecolo y signifie le gel pur et simple de nouvelles conventions au sein des PCDR (programme communal de développement rural).

Trop de promesses par rapport aux moyens...

Les buts poursuivis par la ministre sont doubles : assainir les problèmes budgétaires (réduire l’encours) et être plus en cohérence avec les priorités sociétales.

Céline Tellier précise que ces huit dernières années, l’encours budgétaire était considérable (près de 100 millions d’euros). Cette ardoise est le résultat du décalage entre l’engagement de nouveaux projets et la liquidation en fin de travaux (qui prend parfois plusieurs années), mais aussi de promesses supérieures aux moyens disponibles.

Pour la ministre, "la prise en compte des notions de sobriété et de rapport coûts/bénéfices dans l’étude des projets sera primordiale".

Les dossiers en cours se poursuivront

Le moratoire imposée par la ministre s’applique exclusivement aux deux conventions de faisabilité et d’exécution, c’est à dire aux conventions qui lient les communes et le gouvernement wallon au début de chaque projet. Précision utile : il ne s’applique donc pas aux conventions de réalisation qui, elles, interviennent au moment de la mise en oeuvre concrète des dossiers.

Des subsides importants

Pour rappel, les programmes de développement ruraux sont des leviers financiers mis à disposition des communes rurales pour une durée de 10 ans, pour les aider à réaliser des projets d’aménagements, comme des maisons de village, des ateliers ruraux, des embellissements de monuments et anciens bâtiments, etc. Leur particularité ? Ces projets font appel à la participation citoyenne et s’appuient souvent, mais ce n’est pas un obligation, sur l’encadrement de la Fondation Rurale de Wallonie. Selon la nature des projets, les subsides octroyés par la Région vont de 60 à 80% des montants pour la tranche des premiers 500.000 euros des travaux prévus, et à 50% pour les montants supérieurs à cette tranche. On comprend l’importance de ces PCDR dans les budgets des communes rurales.

Du nord...

Du côté de l’antenne de Marloie de la FRW, on travaille avec 11 communes dont 8 ont un PCDR en cours actuellement. « Les projets sont nombreux mais on va continuer à les suivre et les soutenir tant que nous ne connaîtrons pas exactement le contenu de la future circulaire », nous explique Alain Jacquet, directeur de l’antenne de Marloie. Et puis il y a aussi des projets qui ne nécessitent pas de subsides ou qui ne sont pas éligibles aux subsides comme les nombreuses réunions ou des publications.

… au sud de la province

Au départ de Tintigny, l’antenne Semois-Ardenne de la FRW accompagne quant-à elle 23 communes. “Nous sommes inquiets pour la participation citoyenne”, nous confie la directrice Sophie Orban. “Pour qu’une dynamique citoyenne fonctionne, elle doit être rapidement suivie de réalisations concrètes, sinon elle s’essouffle.” Et pour le moment, les équipes sont dans l’expectative… “Nous ne savons pas combien de temps durera ce moratoire et quand tombera la nouvelle circulaire. Mais elle ne doit pas tarder si l’on veut garder l’implication des citoyens.” Toutefois, il est sain qu’un ministre souhaite se poser, et prendre le temps d’analyser la politique dont il a la charge”. Mais fallait-il pour autant geler les conventions ? “je ne me prononce pas…

L’inquiétude est générale

Certaines communes montent leur PCDR sans faire appel aux services de la Fondation Rurale de Wallonie. Dans la partie centre-nord de la province c’est notamment le cas de Durbuy ou Saint-Hubert. Contacté, le bourgmestre de la cité borquine se dit inquiet. Deux projets importants sont en cours : une demande de permis de bâtir pour une maison de village à Awenne et le projet « Voies lentes » à notifier pour ce… 30 juin.

Plus globalement, Jean-Luc Henneaux, qui gravite dans les communes rurales depuis plus de trente ans dit n’avoir jamais rencontré d’aussi mauvaises perspectives pour les finances communales que maintenant. Et il en appelle à ce que le Fédéral joue son rôle de soutien aux communes. « Une autorisation de budget en déficit pour les prochaines années ne sera pas une solution suffisante car tôt ou tard il faudra rembourser. La Wallonie n’a plus d’argent, la Communauté vient de voir sa note de solvabilité rabaissée ; oui je suis très inquiet… »

Reste à savoir ce que va décider la ministre Tellier à l’automne mais, d’ores-et-déjà, sa note précise qu’il faudra “mieux répondre aux enjeux et s’adapter aux contraintes budgétaires”... 

Si l’on veut relancer l’économie après la crise que nous connaissons, ces développements peuvent être un levier important car ces subsides finissent sur les comptes bancaires des entreprises de la construction, d’aménagements intérieurs ou extérieurs et ceux des bureaux d’études” ponctue le directeur de l’antenne de Marloie...


D. Pierson  Chr. Thiry