Le 10 décembre prochain, à l'occasion de la journée internationale des droits de l’homme, les Bâtonniers et Bâtonnières du pays visiteront l’ensemble des prisons pour mettre en lumière les nombreux problèmes rencontrés dans le système carcéral.

Le 10 décembre, les bâtonniers de Belgique et des membres de l'Ordre des avocats iront visiter les prisons du pays à l'occasion de la journée internationale des droits de l'homme. Si les avocats sont habités de visiter leurs clients au parloir, ils ne vont habituellement pas plus loin. Mais une nouvelle disposition légale leur en donne à présent la possibilité.

Un droit qu'ils vont exercer pour la première fois afin de rendre compte de l'état actuel du système carcéral belge, comme nous l'explique Damien Poncelet, bâtonnier du barreau du Luxembourg.

"Normalement,  les seules personnes qui peuvent se rendre au-delà des portes des parloirs, c'est évidemment le personnel de la prison. On a les commissions de surveillance qui peuvent aller à l'intérieur et vérifier comment ça se passe, même dans les cellules".

"Et depuis le mois de juin maintenant, et une réforme législative, les bâtonniers ont aussi ce droit. Alors, ce n'est pas le droit d'ouvrir toutes les portes, n'importe comment. On doit être accompagné, mais en tout cas on peut aller voir ce qu'il se passe derrière ces portes fermées et se rendre compte de la réalité des choses, une réalité malheureusement difficile. On essayera par cette visite de pouvoir apporter des solutions et être un relais supplémentaire".

Des situations différentes entre Arlon, Saint-Hubert et Marche

Ce droit de visite, pour ne pas dire d'inspection, sera activé pour la première fois en province de Luxembourg comme ailleurs. L'occasion de dresser un constat qui sera certainement bien différent d'un établissement à un autre.

"La prison d'Arlon, et je le constaterai mardi, est restée celle de la fin du dix-neuvième siècle, avec des conditions de détention qui ne sont pas idéales. Alors ça s'améliore et il faut être objectif. À Marche-en-Famenne, on a une belle prison qui fonctionne bien et au niveau des conditions de détention, globalement, je pense que c'est correct. Mais effectivement on a une surpopulation carcérale notamment dans le quartier des femmes. Et puisque c'est le seul de la province, forcément s'il y a beaucoup de femmes, elles s'entassent dans des quartiers qui sont plus réduits".

La surpopulation, c'est l'un des problèmes récurrents des prisons. Mais pour les avocats, il n'est que la "partie visible d’un phénomène plus complexe : l’inflation carcérale, soit l’usage de plus en plus systématique de l’incarcération". Pour l'Ordre des avocats, le tout à la prison n'est pas la solution la plus efficace pour leutter contre la criminalité. Il préconise de :

• de penser à des transactions financières proportionnelles aux revenus de l’auteur de l’infraction
• de privilégier quand c'est possible les peines de travail. La médiation ou la conciliation peuvent également être des alternatives
• de travailler davantage sur la prévention.

Pour les avocats qui prendront part à cette action, c'est l'occasion de mettre en lumière le rôle de la profession d'avocat« en tant que gardienne des droits fondamentaux, également derrière les murs des prisons ».

Dans cette interview nous aborderons également le rôle du Bâtonnier avec Damien Poncelet. À 39 ans, il est devenu en septembre le nouveau Bâtonnier du barreau du Luxembourg.

Frédéric Feller