Judiciaire

Une hémorragie intracrânienne, "seule cause probable du décès d'Antoine Marchal"

Une hémorragie intracrânienne, "seule cause probable du décès d'Antoine Marchal"
 Publié le mercredi 15 mars 2023 à 14:59 - Mis à jour le jeudi 16 mars 2023 à 17:20    Arlon - Durbuy

Troisième jour du procès des accusés du meurtre d'Antoine Marchal, dont le corps avait été retrouvé à Bomal le 9 septembre 2020. Après les enquêteurs, ce sont les experts ADN qui ont pris la parole, suivis du médecin légiste. Ce dernier estime que "la version de M. Dessart peut expliquer la cause du décès".

Lorsqu’il arrive au domicile d’Antoine Marchal, le 10 septembre 2020, le médecin légiste s’attarde à évaluer le moment du décès, mais la tâche n’est pas simple car le corps du sexagénaire se trouve déjà dans un état de putréfaction relativement avancé. Le visage, noirâtre et gonflé, présente quatre lésions contondantes. Des fractures au niveau des côtes sont également constatées. Face à la cour d’assises, le médecin légiste indique qu’une hémorragie intracrânienne est la seule cause probable du décès. Celle-ci entraîne généralement la mort après 24h maximum.

Probable, mais pas certaine

Dans le cadre d’une reconstitution, Renaud Dessart, l’un des quatre accusés, a expliqué qu’il avait lutté avec Antoine Marchal le soir du 31 août 2020. Il aurait donné un premier coup de poing à la victime, lui ouvrant l’arcade à droite. Fabrice Duchesne, accusé lui aussi, serait alors arrivé pour mettre le sexagénaire par terre. Renaud Dessart aurait à nouveau donné des coups de poing au niveau du thorax avec son genou sur les cuisses d’Antoine Marchal, puis Fabrice Duchesne serait intervenu en frappant la tête de la victime à trois voire quatre reprises contre le sol. « C’est ce qui pourrait expliquer l’hémorragie », déclare le médecin légiste. « Mais est-ce que ces violences ont clairement engendré le décès ? », demande le président. « C’est difficile à affirmer ».

Les faits, tels que rapportés par trois des accusés, Cédric Tarantini n’étant pas présent ce soir-là, ont eu lieu au rez-de-chaussée. Peut-on imaginer qu’Antoine Marchal, retrouvé dans son lit, soit monté à l’étage et ait pu se déshabiller ? « C’est probable », répond le médecin légiste. Quant aux ronflements de la victime entendus le lendemain par Mélissa Sauvage, de retour sur place, est-ce possible ? « Il y a des décès qui surviennent avec des respirations irrégulières, des râles, mais Mélissa Sauvage parle bien de ronflements. Il est possible qu’il ait été dans un état de sommeil ».

Les accusés ont-ils joué la montre ?

Suite à ces analyses, Me Wilmotte, avocat de la partie civile, demande si l’état d’Antoine Marchal nécessitait une aide médicale urgente. Le médecin légiste confirme au vu des lésions constatées, et déclare qu’un seul coup à la tête peut tuer. Me Wilmotte rebondit en s’adressant directement aux jurés : « Vous l’avez entendu, il fallait une aide médicale urgente, et qu’ont-ils fait ? », lance-t-il sous la forme d'une question rhétorique en pointant les accusés. « Ils sont partis, ont fermé les tentures, sont revenus et ne se sont pas préoccupés de l’état de M. Marchal. Ils ont laissé le temps s’écouler, compliquant les constatations, et Madame Sauvage ment quand elle dit qu’elle n’a pas vu de sang sur le visage de son père ! ».

Pour rappel, Mélissa Sauvage avait déclaré que son père était sans doute mort d'un suicide après avoir ingéré un cocktail médicamenteux, ce qu'il aurait lui-même menacé de faire plutôt que d'aller en prison, et ainsi échapper aux accusations d'attouchements et de viols. Selon le légiste, "On ne peut pas exclure cette hypothèse, mais on ne peut pas non plus l’affirmer".

Pour Me Balaes, avocat de Fabrice Duchesne, « Il y a peu de certitudes et il subsiste de nombreux points d’interrogation que vous, jurés, devez assimiler ». Ce à quoi Me Richard, conseil de Mélissa Sauvage, ajoute : « On ne sait pas de quoi M. Marchal est mort. On dit qu’il est possible que ce soit l’hémorragie, qu’il est possible qu’il soit monté dans sa chambre, et qu’il est possible qu’on l’ait entendu ronfler ».

Voilà qui annonce des plaidoiries nourries, mais celles-ci seront d'abord précédées des témoignages de moralité et de personnalité. Une centaine de personnes sont citées pour les prochains jours.


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Nicolas Lefèvre





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