Publié le samedi 25 janvier 2025 à 18:31 - Mis à jour le samedi 25 janvier 2025 à 18:45 GDL
Les services de police bulgares, français, britanniques et luxembourgeois ont procédé à l’arrestation de huit personnes dans trois États européens dans le cadre de l’affaire Caritas Luxembourg. Six mois après le début de l’instruction, il s’agit d’une “nouvelle phase” de l’enquête face à cette fraude de plus de 60 millions d’euros.
Six mois après le début de l’affaire Caritas au Luxembourg et le dépôt d’une plainte par l’association pour un détournement de fonds de plus de 60 millions d’euros, l’enquête est entrée “dans une nouvelle phase”: huit personnes ont été arrêtées en Bulgarie, en France et au Royaume-Uni, a annoncé le parquet du Luxembourg vendredi 24 janvier.
Cette action concertée, menée sous la direction d’un juge d’instruction du Grand-Duché par les services de police bulgares, français, britanniques et luxembourgeois, a été requis par le procureur d’État à Luxembourg “en raison des indices de culpabilité pesant sur elles dans le cadre du blanchiment des sommes d’argent détournées”. Des perquisitions aux domiciles de ces personnes ont été effectuées en parallèle.
Plus de 60 millions détournés entre février et juillet 2024
Lors du dépôt de plainte, en juillet 2024, une frontalière belge de Messancy, employée au sein de Caritas Luxembourg, est arrêtée dans la foulée sur mandat du juge d’instruction, avant d’être placée en liberté conditionnelle sous contrôle judiciaire après son inculpation.
Cette employée aurait en effet effectué des opérations de paiement entre février et juillet 2024: après avoir détourné vers l’Espagne 28 millions d’euros de réserve dont disposait Caritas Luxembourg par le biais de virements réguliers de plusieurs centaines de milliers d'euros, la personne mise en cause aurait ensuite obtenu auprès de banques des lignes de crédit au nom de la Fondation pour un montant de 33 millions d'euros.
Une organisation criminelle impliquée
Mais, dans les semaines qui suivent, la présomption qu’une association de malfaiteurs ou une organisation criminelle est impliquée dans cette fraude se renforce, avec comme piste privilégiée la méthode dite de la “fraude au président”. Cette arnaque consiste pour le fraudeur à se faire passer, par téléphone ou par courriel, pour un dirigeant de l’entité visée et à réclamer un paiement international urgent à un collaborateur habilité à effectuer les paiements.
De fait, l’argent détourné a ensuite été dispersé “vers des centaines de comptes ouverts dans une multitude d’États à travers le monde”, selon le parquet. Pour se faire, plus de 8.200 transactions identifiées par l’enquête ont été réalisées dans des intervalles très rapprochés, conférant à l’enquête une dimension internationale.
Une enquête à dimension internationale
La collaboration avec les autorités étrangères s’est donc révélée déterminante. Les autorités luxembourgeoises remercient d’ailleurs “toutes les autorités et tous les homologues étrangers, notamment des trois pays cités, pour leurs efforts et leur assistance [...] et pour leur collaboration qui a contribué à la réussite de cette action concertée”.
De fait, “une multitude de réunions ont été organisées à tous les niveaux entre autorités compétentes et enquêteurs”, souligne le parquet, sans compter l'assistance de canaux de collaboration internationaux tels qu’Europol, Interpol et Eurojust.
En outre, une trentaine de décisions d’enquête européenne et de commissions rogatoires internationales ont été décernées à l’adresse des autorités étrangères de treize États, 27 ordonnances de perquisition et de saisie ont été émises et 54 ordonnances de saisie de fonds bloqués au Luxembourg et à l’étranger ont été rendues à ce stade.
Des sommes détournées difficiles à récupérer
Mais si cette opération permet “de rassembler des éléments et indices supplémentaires à la manifestation de la vérité et de progresser dans une enquête volumineuse de grande envergure”, les investigations, quant à elles, “ne font que débuter et suivent leur cours”, prévient le parquet.
Une des zones d’ombre de l’enquête reste toutefois la capacité à récupérer les sommes détournées. “Les autorités luxembourgeoises restent dans l’attente de la remise des personnes arrêtées par les autorités françaises et bulgares et du sort des saisies d’avoirs pratiquées à l’étranger”, explique le parquet. Qui admet que, “pour l’instant, il n’est pas possible de déterminer l’importance des sommes qui pourront être récupérées en définitive”.
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