Nous avons déjà évoqué la situation parfois ubesque que vivent les habitants des communes frontalières, obligés, au risque de se voir infliger une amende salée, de parcourir plusieurs kilomètres pour se rendre à une pompe à essence ou un magasin alors qu'il en existe à quelques mètres de chez eux.
Voir notre reportage à Martelange.
Ces dernières semaines des résidents luxembourgeois et des travailleurs frontaliers ont appris à leurs dépens que les policiers belges ne transigeaient pas sur ces mesures liées au confinement. Face à des situations où la rigueur pourrait parfois laisser de la place à un peu de bon sens et de compréhension, le président des sociaux-chrétiens luxembourgeois (CSV), Frank Engel, a décidé d'interpeller par courrier la première ministre belge Sophie Wilmès :
« Des policiers interpellent des citoyens luxembourgeois qui, par inadvertance, ont emprunté quelques mètres d'un sentier forestier situés sur le territoire belge (...)
Vos agents verbalisent des travailleurs frontaliers belges, employés dans la distribution alimentaire dans une localité luxembourgeoise, à deux kilomètres de la frontière, alors qu'ils rentrent chez eux avec des courses qu'ils ont littéralement effectuées sur leur lieu de travail. Au motif qu'il serait interdit d'acheter des denrées alimentaires à l'étranger...
Où sommes nous, Mme la Première ministre ? Êtes-vous consciente des dégâts que ces pratiques causent aux relations amicales et de confiance que les populations de la frontière entretiennent et cultivent ? » s'interroge Frank Engel.
Les cavaliers de la police ont dépassé les bornes
Le président du CSV en profite pour relever malicieusement un autre franchissement de frontière, perpétré cette fois par deux cavaliers de la police fédérale belge. Ils s'étaient égarés côté grand-ducal, à Eischen. « L'excuse de la police belge : ils seraient venus en renfort du centre de la Belgique et ne connaissaient pas bien la région... ».
En conclusion, Frank Engel demande à Sophie Wilmès d'intercéder auprès des services de police belges : « Je vous en prie : insistez pour que vos agents aient de meilleures cartes et qu'ils laissent rentrer la caissière de supermarché avec ses emplettes. Il devrait y avoir des restes d'humanité et de bon sens même en crise sanitaire ».
L'Attertois Josy Arens avait déjà interpellé De Crem
Reste à savoir quelle sera la réaction de la Première face à cette missive. Dans la même veine, le député fédéral Josy Arens avait demandé en commission de l'intérieur (voir l'intervention ici) un allègement des contrôles aux frontières. Il souhaitait que les citoyens puissent faire leurs courses au plus près, indépendamment des frontières.
Le Ministre Pieter De Crem, lui avait alors répondu que les déplacements non essentiels au départ et vers la Belgique restaient proscrits mais que des « clarifications se sont imposées pour toute une série de cas particuliers ». Des dérogations qui ne permettent néanmoins pas de franchir les frontières pour simplement réaliser des achats.
Le Ministre de l'intérieur belge avait également précisé avoir pris contact avec son homologue luxembourgeois qui avait fait part de « sa compréhension et sa volonté de contribuer à la bonne coopération habituelle entre nos deux pays dans l'intérêt de tous nos citoyens ».
De bien belles formules diplomatiques qui ne manqueront pas de laisser les frontaliers sur leur faim.
F. Feller
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