C’est une démarche peu habituelle. A six mois des élections communales et provinciales, Philippe Courard, député wallon PS et président du Parlement du parlement de la fédération Wallonie Bruxelles, donne son opinion dans une lettre adressée aux médias de la province.

Philippe Courard rappelle l’importance du multipartisme « (…) essentiel pour permettre un vrai débat politique, et la constitution d’une opposition démocratique comme contre-pouvoir. » Ces derniers mois, les scandales ont fait trembler le PS et les partis politiques sur leur base. Une pluie de critiques s’est abattue sur eux. Aujourd’hui, Philippe Courard demande de l’action et de l’engagement, surtout au niveau local. Dans plusieurs communes, les électeurs n’auront, en effet, pas beaucoup de choix le 14 octobre prochain avec une seule liste présente au scrutin. Vous retrouvez ci-dessous la lettre dans son entièreté.

S. BOUDOU

OPINION DE PHILIPPE COURARD,DÉPUTÉ WALLONELECTIONS COMMUNALES : UN MOMENT D’ENGAGEMENT POLITIQUE POUR LES CITOYENS

Le 14 octobre prochain, les électeurs des 589 communes de Belgique se prononceront pour élire leurs nouveaux conseillers communaux et bourgmestres, pour un mandat de six ans.Les habitants de chaque commune voteront ainsi pour des candidats présentés sur une liste électorale de leur circonscription respective.Une des caractéristiques du régime politique de Belgique repose sur son « multipartisme », à tous les échelons du pouvoir, y compris communal. En effet, notre système pluraliste permet à plus de deux partis de participer aux débats politiques et aux élections. C’est un des fondements de la démocratie représentative.Le multipartisme implique que les autorités acceptent et entendent les sensibilités politiques qui leur sont différentes, ainsi que leurs critiques à leur égard. C’est une garantie pour le citoyen de contrôle des actions du pouvoir exécutif par l’intermédiaire de partis de l’opposition, mais aussi une garantie pour ces derniers d’intervenir librement sur la scène politique.Le concours de plusieurs partis aux élections, quelles qu’elles soient, me paraît dès lors essentiel pour permettre un vrai débat politique, et la constitution d’une opposition démocratique comme contre-pouvoir. Sans opposition, la majorité pourra plus facilement connaître des problèmes en interne et ne sera certainement pas autant stimulée par la confrontation des idées.On a coutume de dire que la commune représente le premier degré de la démocratie. Les élus locaux sont généralement attachés à favoriser une grande proximité avec leurs concitoyens. La formule se vérifie également au travers de la double fonction de l’institution communale de représentation de l’intérêt local et de relais des autorités supérieures.Il est donc à mon sens effectivement regrettable que dans un pays où le code électoral permet l’organisation d’élections libres et pluralistes, les citoyens se retrouvent dans certaines communes face à une liste unique dans l’isoloir, sans aucune autre alternative, si ce n’est en interne de celle-ci. Une liste unique est en ce sens un mauvais coup porté à la démocratie.Ce phénomène de liste unique touche de plus en plus de communes, probablement 7 à 9 communes sur 44 dans ma province de résidence, la province de Luxembourg, pour les prochaines élections.Comme mandataire public depuis plusieurs années, je regrette vivement cela et en appelle à la mobilisation des citoyens.De nos jours, beaucoup de gens déplorent et dénoncent les dérives de politiciens véreux et plus globalement, une « particratie », autrement dit un pouvoir quasi exclusif des partis. Beaucoup veulent d’une autre forme de politique. Pourquoi dès lors ne pas s’engager à l’échelon local ? La critique est aisée, mais agir est plus compliqué. C’est pourtant ce qu’il faut faire : se retrousser les manches et oeuvrer dans l’intérêt général des concitoyens.16 avril 2018Je lance donc un appel public à une citoyenneté active. Que des citoyens s’associent, créent différentes listes politiques et se présentent aux suffrages est le seul moyen démocratique de gérer les affaires communales. Les élections communales représentent le parfait moment pour ceux-là de marquer leur engagement dans la vie publique, d’exprimer leurs besoins, d’exposer leurs idées, via l’épreuve des urnes, et de construire un nouveau modèle.Les listes politiques sont un élément pour ainsi dire indispensable de la politique belge. Celui qui souhaite faire entendre sa voix et jouer directement un rôle sur l’échiquier politique, doit, dans la pratique, rejoindre une liste électorale existante… ou prendre ses responsabilités et avoir le courage de fonder lui-même la sienne, ce qui sera toujours un plus pour notre démocratie.A six mois de l’échéance, il n’est pas trop tard. Mais il est temps !